Erigé pour le cinquantième anniversaire de l’Indépendance du Sénégal, le monument de la Renaissance a déjà fait couler beaucoup d’encre. Regards sur un édifice tourné, pour l’instant, vers un sombre avenir.
Il est 22 heures et nous nous apprêtons à souper chez la famille qui m’accueille. Tous ensemble, assis sur un tapis, autour d’un même plat où il est plus que permis de manger avec les doigts. Le père de famille, non fier de me parler de son pays, me dit que les Sénégalais sont reconnus pour leur grande hospitalité. La Teranga, me dit-il. C’est même ainsi que l’on appelle l’équipe de football nationale : les Lions de la Teranga. Une légère averse nous interrompt - saison des pluies oblige - et nous chasse subitement de la terrasse. Pendant que nous déplaçons plat, verres et matelas vers le salon, la lumière s’éteint brusquement. Il fait nuit noire et nous n’y voyons plus rien. Alors que nous tentons tant bien que mal de rapatrier le souper à l’intérieur, la discussion reprend… mais, cette fois-ci, en wolof, langue principalement parlée au Sénégal. Le ton qu’empreintent les membres de la famille me laisse penser qu’il y a de l’énervement dans l’air, jusqu’à ce que l’on me dise : « Tu crois que c’est normal de construire une gigantesque statue qui a coûté des milliards alors que la population vit dans la pauvreté et subit des coupures de courant trois à quatre fois par jour ?! ». Les Sénégalais – et beaucoup d’autres pays d’Afrique de l’Ouest – vivent au quotidien avec ce que l’on appelle ici le délestage. L’Etat n’arrive pas à subvenir au besoin énergétique du pays, il se voit donc obligé de couper le courant dans certains quartiers tour à tour au fil des journées. Imaginez-vous la finale tant attendue de la Coupe du monde… 10 minutes de jeu et plus de jus pendant les deux heures qui suivent ! C’est arrivé, quelque part à Dakar ce jour-là, mais pas chez nous cette fois.
Cinquante ans d’indépendance. C’est ce que fête cette année le Sénégal, mais également les autres pays dans lesquels je me rendrai bientôt : Faso, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Cameroun. Et ce qui est déjà certain, c'est qu'aucun de ces derniers n’a fait construire un monument, symboliquement plus haut que la Tour Eiffel, pour commémorer ce demi-siècle d’Indépendance. « Le monument de la Renaissance, c’est la folie du président Wade ! », s’accordent à dire tous les Sénégalais avec qui j’ai eu l’occasion de discuter jusqu’ici. Durant ces dix ans passés au pouvoir, Abdoulaye Wade a privilégié le développement économique. Il a fait construire de grosses infrastructures inutiles au plus démunis et laissant aujourd’hui, paradoxalement, son pays dans l’ombre du monument de la Renaissance.
Ce monument est magnifique!... digne d'un Michel Ange africain ou d'une Camille Claudel?!
Je peux comprendre qu'il puisse sembler démesuré...mais à espèrer: >
Je t'embrasse tendrement
Rédigé par : Manolita | jeudi 15 juillet 2010 à 20h55
Mais à espèrer:>
Rédigé par : Manolita | jeudi 15 juillet 2010 à 20h58
Comme si on y était à ce repas autour du même plat!!! Ca fait envie malgré les coupures de courant... Mais au fait, qu'y avait-il dans ce plat???
Rédigé par : Nick | jeudi 15 juillet 2010 à 21h02
Des Cheese Burgers, mais ça cassait un peu le truc quoi! Non, ce jour-là c'était une viande d'agneau je pense... avec une sorte de riz qu'on ne connait pas en Suisse (très petits grains) cuit avec des oignions. Et de la salade, tomates, concombres... on mange le tout avec du pain. Et des mangues sénégalaises pour le désert comme j'en avais jamais goûté avant!
Rédigé par : Camille Chardon | jeudi 15 juillet 2010 à 21h16
Il y en a qui ne pensent décidément qu'à la bouffe ;)
Rédigé par : V. | jeudi 15 juillet 2010 à 21h22
très belle photo qui colle perfecto à l'article.
Rédigé par : Alpha | vendredi 16 juillet 2010 à 03h11