On ne parle pas que de chiffons dans les salons de
coiffure viennois, on peut aussi y parler de politique. Las de cette longue
tignasse, j’ai décidé de faire d’une pierre deux coups en demandant à
une coiffeuse autrichienne sa position par rapport à l’Union Européenne.
Bien que beaucoup plus modérée qu’Isabella dans
ses propos, les idées de ma coiffeuse sont identiques : « Les
avantages qu’a apporté l’Union Européenne à l’Autriche sont misérables par
rapport à la quantité d’inconvénients », déclare Gertraud Ilk, sa paire de
ciseaux à la main. « Certes, on est quitte de changer notre argent quand
on va en Allemagne, mais les prix ont augmenté depuis que les Schillings ont
laissé la place aux Euros », poursuit-elle.
Comme Isabella, Gertraud se sent spoliée.
« Il faut toujours tout payer à tout le monde ! », continue la blonde
bouclée qui pense qu’une politique généreuse envers les pauvres n’encourage pas
à travailler.
Gertraud Ilk dans son salon de coiffure Vienna People.
Concernant la question turque, la coiffeuse est
aussi sceptique. « L’Union Européenne est déjà trop grande aujourd’hui,
l’adhésion de la Turquie n’arrangera rien », explique Gertraud en précisant
que les Turcs sont en plus beaucoup trop hautains pour faire partie de la
construction européenne. « Les Turcs ne font aucune concession !
Ils se croient meilleurs que les autres ! »
L’insécurité et la pauvreté auraient également augmenté à Vienne. « Il y a beaucoup plus de mendiants qu’autrefois. En plus ils sont devenus agressifs ! Tu n’a pas remarqué ? », me demande Gertraud. Je suis obligé de lui concéder ce point. Parmi mes six destinations, Vienne est la ville où l’on se fait le plus solliciter par les mendiants, « T’as pas 50 centimes… allez s’il te plaît, mon petit frère a faim à la maison. Bitte ! », répète dans les wagons du métro à longueur de journée une pauvre jeune fille en âge d’aller à l’école. Par contre concernant le sentiment de sécurité, il n’y a qu’en Norvège où je cherchais désespérément un réseau Wifi à 2 heures du matin en pleine rue sans avoir peur. Je ne le ferais pas à St-François!
Et alors qu’elle me demande si ma nuque me plaît, Gertraud conclue.
« Le problème, vois-tu, c’est qu’il y a trop de cultures différentes en Europe, et qu’aucun point commun ne les unit. C’est pour ça que l’UE n’a pas d’avenir… »
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