« Ne me parlez pas de Greenpeace ! J’en ai assez d’entendre parler de ces terroristes, il faut vraiment être bête pour penser que les norvégiens ont envie de massacrer leurs baleines ! Notre gouvernement a pris toutes les précautions nécessaire pour que ce drame ne survienne pas »
Une île paradisiaque
C’est de cette façon qu’est considéré le groupe
écologique sur la petite île de Skrova, en Norvège du Nord. Un endroit féérique.
Sous le soleil de minuit, ses habitants se lancent des « Hei » dans
la rue. On se connaît, se fait confiance, s’entraide. Il n’y pas de téléphone
public ? Qu’importe : une serveuse prête volontiers son téléphone
portable. Son patron, lui, n’hésite pas à faire crédit si les liquidités d’un
client devaient manquer. Personne ne ferme sa porte à clef sur l’île.
Figure 1 : Bienvenue à Skrova, lîle des chasseurs de baleines
On ne trouve pas de poste à Skrova. Ni église
ni école n’ont été construites. Aujourd’hui, environ 200 âmes peuplent encore
cet éden reculé. Autrefois cependant, lorsque la pêche était encore le
principal moteur économique de la région, l’île comptait jusqu’à 7000 pêcheurs
en haute saison. « Vivre de la mer est très difficile » explique
Bjørn, un retraité vivant en Espagne mais né à Skrova. « La jeune
génération préfère se tourner vers d’autres professions et dans des zones moins
reculées. » Il ajoute finalement que dans une vingtaine d’années, l’île
aura été désertée.
Figure 2 : Port de Skrova
A la chasse
La société Ellingsen qui pêche le saumon, le hareng, la morue et la baleine, a installé son siège à Skrova en 1947. La famille Elligsen pêche depuis plus de 200 ans. La chasse à la baleine, elle, a débuté après la Deuxième Guerre mondiale. Karsten Johan Ellingsen explique que le sonar n’est pas utilisé pour débusquer la proie. Comme autrefois, seuls les yeux aguerris des marins permettent de localiser la baleine lorsqu’elle remonte à la surface pour respirer. Un harpon est alors lancé sur la victime. Le mammifère, hissé à bord, est déjà grossièrement dépecé en mer.
Une commission internationale
Craignant que la mer de ne se vide de ses cétacés, une commission baleinière internationale voit le jour. En 1986, elle décrète un moratoire. Seule la pêche scientifique est autorisée.
« L’embargo ne nous a jamais empêché de nous procurer de la viande de baleine. Il fallait simplement être plus discrets qu’aujourd’hui » explique Bjørn.
En 1993 la Norvège réhabilite la chasse commerciale sous certaines conditions. Le quota de cette année s’élève à 1052 têtes. Officiellement, moins de 600 proies ont été capturées l’année passée. Une seule espèce de baleines, les baleines de Minke, pesant jusqu’à 5 tonnes, peuvent être capturées. L’exportation est interdite. Selon l’association écologique Greenpeace cependant, aucune de ces lois ne serait respectée. Les quotas seraient dépassés, d’autres espèces seraient traquées et la chasse serait vendue au Japon où le prix de la viande est beaucoup plus élevé qu’en Norvège.
Figure 4 : La viande de baleine si controversée
Une viande saine et savoureuse
La viande de baleine est rouge. Pauvre en graisse, riche en oméga 3, elle est très saine. Elle ressemble à celle du cheval à la différence qu’elle est moins grasse, plus tendre, et qu’on n’y trouve pas d’os. Seule la chair est consommée. Le gras qui se trouve sous la peau est jeté selon les uns ou illégalement exporté selon les autres.
Figure 5 : Seule la viande est consommée par les norvégiens
Une baleine en cuisine
Contrairement aux Japonais, les Norvégiens n’ont pas pour habitude de manger la viande de baleine crue. Ils préfèrent la cuisiner dans une poêle sous forme de steak. Saucée de béarnaise, un légume et une patate l’accompagnent. On peut aussi fumer la viande. Elle est alors dégustée en fines tranches avec des crackers, des oignons crus coupés en lamelle et de la crème aigre. Les cétacés peuvent aussi se retrouver sur des pizzas ou coincés entre deux tranches de pain dans un banal hamburger. Selon les Norvégiens, elle serait la viande la plus goûteuse, même si celle qui est servie dans la petite auberge de Skrova a tout l’air d’un vulgaire steak de cheval.
Figure 6 : "Nous faisons des hamburgers de baleine, et nous les faisons bien"
Pour avoir goûté de la viande de baleine, crue comme cuite, je puis confirmer qu'elle est très peu grasse et "goutue"; tout-à-fait très bon...
Salut.
Rédigé par : Patrick | vendredi 10 août 2007 à 11h57
Belle viande! Entre les choucroutes et les bières d'alsace et la baleine de norvège, ton tour d'Europe devient plus gastronomique que politique! Et ce n'est pas pour me déplaire!
Bon appétit bien sûr!
Rédigé par : Oliver Burckhardt | samedi 11 août 2007 à 12h11
Comment cela! La chasse à la baleine ne serait pas un thème politique?
Il s'agit d'un sujet très important: quelle est la frontière entre la souveraineté d'un pays de gérer son économie et les concession qu'il doit faire pour l'équilibre planétaire?
Il est évident que l'interdiction de chasse met en péril l'existence de régions décentrés, telle que cette île souffrant déjà d'exode.
En 2006, la Norvège a chassé 546 baleines de Minke. Le Comité scientifiques IWF estiment la population de cette baleine à 184'000 mamifères...
Les pressions de la communauté internationale, improvisée spécialiste en cétacés pour l'occasion, semblent donc absolument outrancier.
Elle ferait mieux de se scandaliser face à la pollution massive produite par l'industrie chinoise. C'est de l'indignation selective.
Rédigé par : Patrick | samedi 11 août 2007 à 19h09